CONGO
Lac Tanganyika
La pêche
industrielle
Un exposé de toutes les questions relatives à la navigation au lac TANGANYKA ne serait pas complet, s'il n'était fait mention des possibilités de pêche.
La Mission Scientifique (1946 - 1947) dont il a déjà été question antérieurement, a procédé à une exploration hydro biologique méthodique du TANGANYKA.
Les travaux ont notamment porté sur la composition chimique de l'eau du lac et de ces affluents, sur les conditions physique de ces eaux, sur la nature et l'abondance du plancton animal et végétal, sur la distribution dans le lac des invertébrés et des vertébrés.
Dans ce dernier domaine, les poissons ont plus particulièrement retenu l'attention. La nécessité de fournir aux Congolais les protéines animales nécessaires à l'équilibre de leur alimentation, est un problème dont l'importance n'échappe plus à personne.
Les travaux remarquables effectués par la Mission Scientifique, ont permis de déterminer non seulement la capacité biologique constitué par le lac, mais aussi la tranche qui peut en être régulièrement enlevée, sans nuire à la conservation de ce même capital.
Pour une profondeur moyenne de 1.000 M, l'épaisseur de la couche oxygénée n'est que de 200 M environ. La profondeur maximum à laquelle les poissons peuvent vivre, ne paraît pas dépasser une moyenne de 120 à 150 mètres Il en résulte que la pêche est possible dans un volume d'eau de l'ordre de 3.6OO Km3.
En partant d'éléments biologiques dosés, on est arrivé tout récemment à la conclusion, que le TANGANYKA était susceptible de fournir près de 100.000 T de poissons frais annuellement, sans craindre l'appauvrissement.
La seule condition serait de faire porter essentiel- essentiellement la pêche sur l'espèce appelée " Ndakala "
Dans les milieux bien informés, on considère que cette évaluation des possibilités du lac reste prudente. D'après des statistiques, les plus pauvres des lacs européens accuseraient des rendements contrôlés de plus d'une tonne par Km2 De nos jours, il est certain que la quantité de poisson pêché, tant du côté belge que du côté britanique, n'atteint pas le 1/10 du tonnage envisagé.
Le Ndakala est un petit poisson au corps allongé, de 6 à 8 cm de longueur, propre au TANGANYKA. Il vit dans les eaux profondes, partout où il y a plus de 100 M de fond. Il est extrêmement abondant. Il forme des bancs considérables, qui viennent en surface la nuit.
Les pêcheurs congolais en pratique la pêche de la façon suivante :
- Rendue sur les lieux, souvent à plusieurs Km de la rive, par nuit noire, chaque pirogue enflamme à son avant soit l'extrémité d'une botte de roseaux et de badines séchés, soit dans une espèce de bracero, un fagot de bûchettes d'un bois spécial, brûlant sans fumée et produisant une vive lumière.
- Attiré par cette lumière, les Ndakala se pressent en grand nombre. Les pêcheurs armés d'un " lusenga ", grande épuisette d'une forme spéciale, n'ont qu'à puiser. Chaque coup d'épuisette peut ramener de 1 à 2 Kg de poisson.
- La pirogue une fois pleine, la pêche est terminée. Elle regagne le village. Le poisson est alors étalé sur le sable et mis à sécher à l'air et au soleil.
- Eu égard à la petitesse de ce poisson, le séchage est rapide. Il n'entraîne aucune putréfaction malgré l'absence de salage.
- Sa valeur alimentaire et économique est très grande. Très apprécié des Congolais, dont il constitue un mets traditionnel et très recherché, le
- Ndakala donne, ainsi séché, plus de 325 Cal/gr (viande maigre +/- 100 Cal/gr).
- La perte de poids due au séchage est d'environ les deux tiers
En dehors du Ndakala, il existe encore une quantité d'autres poissons. Sur un nombre total des espèces, pas éloigné de 250, une quarantaine au moins présentent de l'intérêt du point de vue alimentaire.
Quelques premiers essais de pêche industrielle ont été tentés de divers côtés. Dans le Nord du lac notamment, sous l'impulsion du service piscicole du Gouvernement Général et du Ruanda-Urundi; dans la baie de BURTON par un organisme privé; à la côte orientale sous l'égide du service des pêcheries de l'Est Africain britannique; enfin à ALBERTVILLE par la Compagnie des Grands Lacs.
Les résultats obtenus sans être prometteurs, sont encourageant et ont donné naissance à un important programme de développement des méthodes de pêche.
Le voici dans ces grandes lignes :
- aider et encourager la pêche telle quelle se pratique suivant les traditions. Approvisionner les pêcheurs riverains en matières et matériaux convenables pour la fabrication des engins. Organiser des campagnes collectives et le ramassage éventuel des produits de la pêche. Ouvrir des débouchés;
- rechercher les perfectionnements qui peuvent être apportés aux méthodes et aux engins employés. Etudier l'amélioration des embarcations utilisées; leur insécurité actuelle par mauvais temps est notoire et leur capacité de charge (engins de pêche et poissons) dérisoire;
- expérimenter les méthodes de pêche européennes tout en tenant et surveillant scrupuleusement des statistiques de pêche.
En vue de l'exécution pratique de ce programme, le FOND DU BIEN ETRE a pris à sa charge la construction et l'armement d'un bateau de pêche très moderne (Fig. 23) chalutier à moteur pour le la TANGANYKA - photo Chantier Naval SMIDTS)
Ce bateau, actuellement en voie d'acheminement vers le TANGANYKA, répond aux caractéristiques suivantes :
Type :chalutier
Longueur hors tout 24,00 M
Longueur entre p.p. 21,70 M
Largeur hors membrure 5,80 M
Creux de côté 2,75 M
Puissance 160 CV
(moteur Diesel entraînant une hélice)
Un groupe auxiliaire Diesel entraîne une dynamo, un compresseur et une pompe centrifuge. Une seconde dynamo est entraînée par le moteur principal. Un groupe frigorifique automatique capable de 3.500 frigories/heure est prévu pour la cale à poisson.
La coque est divisée en 7 compartiments par six cloisons étanches. Entre les coquerons avant et arrière, est aménagés le poste d'équipage, un poste de repos pour des pêcheurs, une soute à filets, une cale frigorifique de 24,4 m3, la chambre des moteurs.
Une cabine spacieuse située à l'arrière est destinée au capitaine et le cas échéant, au personnel scientifique.
Des cuisines et installations sanitaires sont prévues pour l'état-major et pour l'équipage.
Les instruments de bord, outre compas de route et projecteur de 1.000 W, comprennent un sondeur ultrasonore et un poste de radiophonie.
Des potences pour chalut sont fixées des deux bords. Le treuil est commandé par le moteur principal et à une capacité d'enroulement de 850 M de câble de 16 MM par tambour.
Un foc à l'avant et un foc d'artimon à l'arrière constituent une bonne voilure de soutien.
Avec un tel moyen d'action, il n'est pas douteux que dans un avenir proche, les perfectionnement qui pourront être apportés aux méthodes et matériel existant, permettront de jeter les bases définitives d'une pêche industrielle intensive mais contrôlée. Dans ces conditions, les magnifiques possibilités qu'offrent les eaux du TANGANYKA, dans l'amélioration de l'alimentation des populations congolaise, pourront être mises en valeur, sans risque de se voir inconsidérément entamées.
Copyright 2016-2025 - Official Website - Jean-Louis Gabriel - Mangelinckx Didier - Loiselet Marie-Line