CONGO
Lac Tanganyika
Aspects
géophysiques
Bathymétrie.
Une exploration intensive et méthodique du lac, effectuée par une Mission scientifique belge, qui y séjourna d'octobre 1946 à décembre 1947, a permis de dresser une carte bathymétrique remarquable du TANGANYKA, au départ de sondages de précision exécutés par ultra-son.
L'examen de cette carte montre la présence, vers le milieu du lac, d'un grand seuil transversal et légèrement oblique, reliant le cap de Kungwe à la côte orientale, au cap Bwana N'Denge à la côte occidentale.
Le point culminant de cette crête sous lacustre, se situe à une profondeur de 50 mètres seulement, sous le niveau actuel des eaux.
La fosse du nord possède un fond plat, régulier et très étendu à une profondeur de 1250 mètres. Son point le plus bas à 1310 mètres, se trouve éloigné de 1 kilomètre à peine de la côte Ouest.
Dans la fosse Sud, la profondeur rnregistrée est de 1450 mètres sur de grandes surfaces et atteint 1475 mètres, ce qui classe le Tanganyka comme étant le lac le plus profond du monde, après le Baïkal .
La profondeur moyenne du TANGANYKA est de l'ordre de 1000 mètres, ce qui fait que le volume total de cette énorme masse d'eau représente quelque 30.000 km3, soit donc plus de la moitié du volume de la mer du Nord.
Les côtes
Le développement des côtes baignées par le lac est voisin de 1750 kilomètres. Elles se répartissent comme suit:
- R.D.C. côte Ouest environ 750 km (fig 21)
- Burundi Nord et N.Est environ 150 km (fig 22)
- Tanzanie Est environ 650 km (fig 23)
- Zambie. SE - S - SW environ 200 km (fig 24)
Ces rives appartiennent aux types les plus divers. Au bord des fosses profondes, se dressent d'importants massifs rocheux souvent très élevés. De grandes plages de sables en pente douce, se rencontre en bordure des régions moins accidentées. De vastes plaines alluvionnaires au sol particulièrement riches, s'étendent dans le prolongement de maintes vallées. Quelques régions marécageuses correspondent à des deltas ou à des estuaires.
Il n'existe aucun courant régulier ni marée quotidienne perceptible.
Le climat.
En petite altitude, les régions riveraines jouissent d'un climat privilégié, fortement influencé par le régime des vents et la température des eaux.
Il y a deux saisons bien distinctes :
- une saison sèche de la mi-avril à la mi-octobre
- une saison des pluies de la mi-octobre à la mi-avril.
La température annuelle moyenne est de l'ordre de 24° centigrade, avec minima pouvant atteindre 16° en juin et maxima de 32° en décembre.
La température moyenne des eaux du lac est de l'ordre de 26° en surface et de 23° en profondeur.
La moyenne des précipitations est de 850 mm de pluie par an.
En saison des pluies, l'atmosphère est d'une pureté remarquable et la visibilité peut s'étendre jusqu'à plus de 80 kilomètres. En saison sèche par contre, cette visibilité est parfois réduite à l'extrême du fait de fortes concentrations de fumées, provenant de gigantesques feux de brousse, qui sévissent chaque année, dans les vastes savanes de l'Afrique Equatoriale.
Le régime des vents.
Comme sur les côtes maritimes, le phénomène d'origine thermique bien connu, brise de terre - brise du large, se fait sentir presque journellement.
En saison des pluies, de forts vents du Nord soufflent par intermittence et des tornades d'une violence extrême, se déchaînent sur les eaux du lac. Au cours de ces terribles orages tropicaux, la vitesse du vent atteint et dépasse parfois 25 mètres/sec. soit 9O kilomètres à l'heure.
L'une des caractéristiques de ces grains, parfois secs, est la rapidité avec laquelle ils se déclenchent. En l'espace d'une demi-heure, il se peut qu'une zone plus ou moins étendue passe du calme plat au déchaînement complet. Soulevé par un vent furieux la houle se lève, les lames se creusent, les embruns volent. Malheur alors aux petites embarcations surprises loin des côtes.
Parfois aussi, en cette saison et le plus souvent après une tornade, des trombes d'eau, (fig 25 bis) redoutée des navigateurs à l'égal des grains, se forment au large. Se détachant sur un pan de ciel livide, leur double cône sombre se distingue nettement. Lorsqu'elles sont plusieurs, ce qui n'est pas tellement rare, le spectateur se sent gagné par un obscur sentiment de crainte. Observant dans le lointain ces hautes colonnes grisâtres ployer, onduler, se tordre, avec un sifflement étrange et assourdi, il se sent invinciblement amené à penser aux violences des temps préhistoriques.
En saison sèche, un vent régulier de SE souffle, normalement pendant le jour. Il s'annonce dans la matinée par quelques risées pour atteindre rapidement sa force habituelle, de 30 à 40 kilomètres/heure. Il diminue ensuite progressivement et disparaît en fin d'après-midi.
Il arrive cependant que ce vent, issu des immenses étendues de l'OCEAN INDIEN, souffle sans discontinuer pendant plusieurs jours. Il force alors plus qu'à l'ordinaire et atteint 50 à 60 kilomètres/heure,parfois beaucoup plus. Prises en oblique sur des distances de 180 kilomètres, vers le milieu du lac, les eaux se soulèvent en vagues courtes et dures, dont le creux atteint et dépasse 2 mètres. Les moutons se pressent au large, d'impressionnants rouleaux chargent les côtes à grands fracas. Il arrive qu'un convoi trop durement secoué, doive modifier sa route et son allure, pour ne pas risquer des avaries.
Qui ne se souvient pas en l'année 1959, de cette tempête qui avait contraint le bateau du courrier sud venant de Moba de rester en rade d'Albertville 48heures. Le " Célestin Camus ", remorqueur de mer constitué d'un équipage de volontaires, dù prêter main forte aux convois pour la manœuvre d'accostage (fig 25 & 26).
Les variations de niveau.
Elles sont journalières, saisonnières, annuelles.
- Les premières, dont l'amplitude est à peine de l'ordre de 10 cm, ont des origines encore assez mal déterminées. Leurs causes probables : les vents, les pressions atmosphériques, des phénomènes de saison sèches ? Elle est en relation directe avec la pluviosité.
- Enfin, existent des variations de la moyenne des niveaux annuels, dépendant de rythmes climatiques.
Ces fluctuations résultent d'une part de l'apport d'eau des rivières, des sources et des pluies, d'autre part de la perte due à l'évaporation, l'infiltration et le débit de l'exutoire.
Elles revêtent une importance considérable car si le mouillage dans les ports ne permet pas un niveau trop bas, la cote de nivellement de nombreuses installations riveraines, ne permet pas un niveau trop haut. La marge entre ces deux extrêmes est fort étroite. Elle est de 3 mètres seulement.
Les pouvoirs publics se sont émus de cette situation et ont chargé une commission ministérielle, instituée le 15 avril 1947, d'étudier entre autres problèmes, la stabilisation du niveau du lac, avec augmentation du mouillage dans les ports et protection contre les inondations des installations existantes.
Atterrages et mouillages.
La zone littorale, comprenant des fonds immergés propre au mouillage, ne possède qu'une étendue fort restreinte proportionnellement à celle de l'ensemble du lac.
Les fonds sont de natures diverses, difficile à subdiviser en types distincts, mais la roche prédomine. Des zones rocheuses et à pente rapide bordent en fait la plus grande partie du littoral.
Les fonds sableux de quelque importance sont peu nombreux.
Il existe des endroits où les fonds sont recouverts d'une couche plus ou moins épaisse de galets, cailloux et gravier plus ou moins volumineux et arrondis.
Les fonds mixtes constituent le type le plus commun.
Toute la zone littorale subit l'influence des mouvements de l'eau provoqués par les vents, qui peuvent devenir rapidement très forts, et soulèvent alors des vagues qui créent un ressac important, en déferlant sur le rivage en rouleaux impressionnants, ou en se brisant sur les écueils et les accores (Fig. 25 a et d aspect du littoral au lac TANGANYKA, ressac, bordure rocheuse caractéristique lavée par les flots)
La plus grande partie des approches de la zone littorale est encore assez mal connue. L'expérience a montré qu'en dehors des zones pratiquées depuis longtemps, la prudence est toujours de rigueur, par suite de la présence fréquente de roches isolées dangereuses.
La Transparence de l'eau permet heureusement par temps calme de voir les fonds jusqu'à 10 m et plus.
Les côtes rocheuses
sont, en général, abruptes et découpées. Le rivage est bordé de rochers plus ou moins chaotiques qui s'enfoncent à perte de vue dans les flots. (fig 27).
Je note au passage, la description faite par Edouard FOà, dans son livre "Du ZAMBEZE au Congo Français" (paru en 1900 aux Editions PLON-NOURRIT et Cie), à la page 138 :
Restant le long de la rive E. à cause du vent, nous atteignons, à 55 milles plus au N. TCHIRANDO, autre crique abritée où se trouve aussi une mission. En route, nous relevons la position de nombreux rochers à fleur d'eau, dangereux pour la navigation. Depuis TCHITUTA, il y a tout le long des côtes des montagnes plus ou moins couverte de végétation et dont le flanc baigne dans le lac; l'effet que produit le paysage est des plus pittoresques et vraiment enchanteur; mais, comme il se reproduit partout, on finit par être indifférent à ses beautés.
Ce type de rive est particulièrement dangereux, d'autan plus que des écueils immergés à faible profondeur, peuvent à certains endroits s'étendre à de grandes distances du large , comme par exemple
- récifs de RUTUKU, jusqu'à + ou - 2 km de la côte;
- récif de KAVALLA, jusqu’à 1 km vers le N;
- récif baie de SWINA, jusqu’à 1,5 km de la côte
Le mouillage sur ces fonds est à éviter, les pattes de l'ancre peuvent s'y mal crocher et donner une sécurité trompeuse. L'ancre peut aussi s'engager dans une crevasse ou cavité, de laquelle il peut être difficile de la retirer
D'autre part, l'ancre peut se briser en atteignant le fond.
Les fonds de cailloux et galets:
sont généralement aussi d'assez mauvaise tenue; encore que certains, mélangés de sable et de vases, dans le fond de baies relativement protégées, peuvent donner une sécurité suffisante :
- MOLIRO
- M'PULUNGU
- LAGOSA.
Devant les plages sableuses:
de grande étendue, les fonds sont presque toujours en
pente relativement douce et de bonne tenue.
Ces fonds, plus fréquents dans la moitié N du lac, se situent en général au large de grandes plaines alluvionnaires :
- BARAKA - USUMBURA - NYANZA
- MOMI, au nord de KALEMIE
- On les rencontre également dans certaines baies bien marquées: RUMONGE - TEMBWE.
Les fonds mixtes:
sont de loin les plus nombreux. Ils sont, en général, constitués par des étendues plus ou moins grandes de sable pur ou mélangé de vase, et parsemées de blocs rocheux détachés de la montagne, à moins que la roche affleurante n'ait donné naissance à des pointes dangereuses.
Il arrive aussi qu'un chapelets de roches erratiques se retrouve dans le lac jusqu'à une certaine distance du rivage :
- ALBERTVILLE - KALONDA - ZONGWE - M'TOTO.
- On peut aussi rencontrer des plaques de grès, depuis la laisse des eaux jusqu'à l'isobathe de 50 m.
La tenue sur ces fonds est, en général, bonne sauf sur les dalles gréseuses, mais on veillera à ne pas mouiller à l'intérieur de l'isobathe des 10 m.
Les fonds vaseux:
se rencontre aux approches des estuaires des fleuves qui drainent de vastes étendues et traversent des plaines alluvionnaires déjà largement formées.
- RUZIZI, dont les deux bras forment un cône de déjection très étendu et à pente assez rapide.
- MELAGARAZI, dont les premiers hauts fonds à moins de 5 mètres se rencontrent à quelques 5 km de la côte
Il existe également devant des cours d'eau de moindre importance, dont l'embouchure est protégée.
- Dans la baie de BURTON, formée par la presqu' île de l' UBWARI, la rivière MUSABAH a constitué
un vastehaut fond vaseux à la profondeur moyenne de 5 m.
- Dans la baie de LOVU, les sédiments drainés par la rivière du même nom s'étendent sur une grande surface plane par 10 m de profondeur.
Ces fonds sont, en général d'assez bonne tenue, encore que le voisinage des rivières provoque la présence fréquente de débris végétaux et de bois, même de troncs d'arbre entiers, qui peuvent être relevés par les ancres.
Copyright 2016-2024 - Official Website - Jean-Louis Gabriel - Mangelinckx Didier - Loiselet Marie-Line