D'Entrecasteaux
Croiseur école
Fiche technique
Chantier de construction, aux forges et chantiers de la Méditerranée, à la
Seyne-sur-mer (France), sur les plans de monsieur Lagane.
Prix de construction 16.693.477 FF.
Acceptation du marché le 08 novembre 1893
Lancement le 12 juin 1896
Tirant d'eau 7,9 m
Carène
La carène était recouverte de tek doublé de cuivre.
Mâture
Mât avant 40m (hune 23,3m), mât arrière 39,6m (hune 23,1).
Cheminées
3 inclinées ainsi que les mâts de 4° sur l'arrière, la hauteur des cheminées étaient de 18,1m.
Tonnage 8.114 T, 8.900 T pleine charge
Dimensions
Longueur 121m
Largeur 17,9m
Puissance 14.578 chevaux
Machines
Deux alternatives à triple expansion, Menpenti Marseille. 5 chaudières. Cylindre, timbrées 10 kg, 5 + 2 chaudière auxiliaires.
2 hélices de 5,1.
Vitesse 19 Nœuds en 1899 - Moins de 12 nœuds en 1920
Rayon d'action 5.640 nautiques à 10 nœuds et 966 nautiques à 19 nœuds.
Combustible 603 tonnes de charbon normale et 970 tonnes maximum
Armement
France
2/240 mm (tour axiales), 12/138,6 mm, 2,65, 12/47 mm - 4 tubes lance-torpilles 450mm dont 2 furent supprimés en décembre 1908 et 2 aériens supprimés en 1910.
Belgique
Pas d'armement il servait uniquement comme navire école.
6 projecteurs de 60 cm.
Peinture
En 1898 période française,
coque noire, et le haut en toile cirée
En campagne :
coque blanche, et le haut en jaune.
En 1908 période française,
Gris bleuté, flottaison en cuivre.
Embarcations
1 vedette II, 1 vapeur 8,9, 1 White 7,6, 1 chaloupe 10, 1 canot 10, 2 canots 9, 1 canot 8, 4 baleinières 8,5, 1 baleinière 6,
1 youyou 5, 2 plates 3,5, 2 berthons 5,6.
Protection
Pont blindé cuirassé ayant 85mm au glacis et 30mm au plan, pare-éclats
au-dessus des parties vitales.
COFFERDAM rempli de caisses cubiques en tôle s'élevant à 0,20m au-dessus de l'eau.
Blockhaus, 250mm, transmissions et tubes 100mm.
Cloison longitudinale à 1m30 du bord sur toute la longueur, ayant un revêtement de 40mm.
Tourelles en acier harveyé cuirassées à 230mm.
Masques en acier spécial chromé au nickel, 72mm comme les casemates, avec masques de 52mm.
Poids de cuirassement 1578 tonnes.
Equipage 22 officiers et 480 hommes.
Historique
Il fut baptisé du nom du célèbre navigateur français du 18ème siècle qui mourut au cours du voyage qu'il effectua pour retrouver La Pérouse, perdue pendant une exploration que lui ordonna Louis XVI.
Le croiseur français d'Entrecasteaux fut prêté, à charge d'entretien, à la Belgique de 1922 à février 1927 pour servir de caserne flottante
Les superstructures offraient des logements spacieux et il fut aménagé par l'ingénieur brugeois DECLOEDT.
Après la suppression du Corps des Torpilleurs et Marins en 1927, il fut rétrocédé à la France en juin 1926, remorqué à Cherbourg en février 1927. Il fut vendu le 07 mars 1927 à la Pologne pour 2.822.000FF, quitte Cherbourg le 30 juillet 1927 remorqué à Gydnia sous pavillon polonais. Il y devint le navire école - dépôt Kral Wladislaw IV, rebaptisé Baltyk en 1930, stationné à Gdynia. Il fut démoli pendant l'occupation allemande le 11 septembre 1939.
Antoine Raymond Joseph Bruny d'Entrecasteaux
08 novembre 1737 - 20 juillet 1793
Arrivée à Bruges du d'Entrecasteaux le 28 mai 1923
Le 24 mai 1923
Appareillage à 10 heures 45
Le convoi est sorti par l'Iroise par beau temps clair avec petite houle et vent de N.W
jusqu'au lendemain 25 mai à 7 heures du matin. Le soir du départ, avant la nuit, la remorque à été réglé à 400 mètres de manière à lui assurer une plus grande souplesse dans les mouvements de tangage.
Le 25 mai 1923
Dans la matinée, brume. Le soir, changement les partages à bord du "Mastodonte".
A 22 heures, le convoi se trouve à 11 milles dans le nord des Casquets.
Le 26 mai 1923
Beau temps légèrement brumeux. Mer belle. A 8 heures, placé le "Faisan" en flèche devant le "Mastodonte". A 16 heures, au sud du "Royal Severeign", par mer très belle, raccourci la remorque à 250 mètres en vue de diminuer l'immersion maxima dans la région des bancs ou des épaves sont signalées. Cassé le remorquage en flèche par la "Faisan".
Le 27 mai 1923
Repris le "Faisan" en flèche à 4 heures du matin. A midi, mouillé en rade extérieure de Zeebrugge par 13 mètres de fond. Envoyé le "Mastodonte" et le "Faisan" s'accoster au môle.
Passé la nuit au mouillage. Beau temps brumeux. Achevé le pompage des ballasts et doubles fonds pour ramener le tirant d'eau à 7 mètres 12.
Le 28 mai 1923
Appareillé avec le "Mastodonte" et le "Faisan" derrière. Un petit remorqueur de la compagnie des Installations maritimes de Bruges aide à la manœuvre.
Le courant de flot, très fort, fait dériver faiblement vers l'Est, et il est difficile de maintenir le groupe exactement sur l'alignement d'entrée dans le chenal intérieur.
Donné dans les estacades à 11 heures. Le « Faisan », remorqué par l'arrière, est tés mal manœuvrant ; dans une manœuvre d'attrapes, sa remorque casse.
Le groupe « Mastodonte », « d'Entrecasteaux » « Wilma » fait une embardée qui l'amène très près de l'épave du croiseur anglais « Thetis », cette épave engage encore une partie du chenal.
La manœuvre d'entrée dans l'écluse, qui n'a que 20 mètres de large alors que le « d'Entrecasteaux » à 18 mètres, est très délicate, elle s'effectue sans incident.
A 12 heures 10, le sassé est terminé et le groupe s'engage dans le canal.
Le passage du pont de Lissewege (20 mètres de large) s'effectue sans incident.
L'entrée dans la darse n°1 de Bruges, dont les dragages ont dû être repris d'urgence il y a quelques jours sur les indications de la Mission Française, et au sujet de laquelle j'éprouvais certaines craintes, s'est heureusement opérés suivant exactement le balisage que j'avais fait établir.
A 17 heures, le « d'Entrecasteaux » était amarré à son poste, et deux des trois grosses chaînes préparées à l'avance par la mission étaient prises à bord.
Le 29 mai 1923
Le « Faisan » effectuait le mouillage de la quatrième chaîne et appareillait à midi pour Brest.
L'après-midi du même jour, l'amarrage à quatre était complètement terminé.
Dans la matinée, j'avais fait, en compagnie du Lieutenant Colonel RENAUX,
Commandant le Détachement des Torpilleurs et Marins belges, des visites officielles au Gouverneur de la Province, au Colonel Commandant la PLACE et au Bourgmestre.
Le 30 mai 1923
Cérémonie du changement de pavillon, à laquelle a assisté l'autorité précédemment indiquée. Elle a comporté un salut aux deux pavillons, une courte allocution militaire et un défilé.
Le « Mastodonte » a appareillé pour Brest le même jour à 12 heures, emportant le matériel de la direction du port et le couchage de l'équipage français subsistant venu de Brest. Cet équipage composé de 55 quartiers maîtres et marins et de quatre officiers mariniers, a quitté Bruges pour Dunkerque et Brest le même jour.
La première impression produite par l'arrivée du croiseur à Bruges semble excellente.
L'état de présentation très convenable dans lequel le « d'Entrecasteaux » a été amené à Bruges, l'aspect imposant du bâtiment dans les canaux et la darse, ont fortement contribué à obtenir ce résultat.
Le cercle Colonial et Maritime et le Conseil Communal ont préparé pour la fin de la semaine des réceptions pour les officiers et les équipages.
La presse
Zeebruge,28 mai 1923 le d'Entrecasteaux, le cuirassé désaffecté que nous a donné la France pour servir de caserne flottante à notre détachement des torpilleurs et marins, est arrivé ce lundi à Zeebrugge.
Il était attendu sur le môle et sur les bords du chenal par de nombreux curieux qui vers 10 heures, signalèrent vers l'ouest un panaché de fumée. A 11 heures, sur l'horizon, l'imposante silhouette du cuirassé se dessinait. Le d'Entrecasteaux privé d'hélices, était remorqué par deux puissants remorqueurs de la marine française, le "Mastodonte" et le "Faisan".
Bientôt, on put distinguer le formidable gréement du monstre. Au mât de misaine, les trois couleurs de France flottaient gaiement, tandis qu'à la poupe un gigantesque drapeau belge battant au vent dans le sillage du bâtiment.
Un pilote belge fut conduit à bord du cuirassé par un remorqueur "le Wilma"du port de Zeebrugge et le d'Entrecasteaux entra dans la rade aux acclamations des curieux.
Puis, par une savante manœuvre, il pénétra dans le chenal. Sur la passerelle du commandement. Le capitaine Weverbergh, chef de la mission navale française à Bruxelles, qui à repris le commandement du vaisseau, transmet des ordres au moyen d'un porte voix. Il est entouré de tout un état major d'officiers de marines française et belge. Le colonel Renaud, commandant le détachement des torpilleurs et marins d'Anvers et le capitaine de Carpentrie qui conduisit nos marins à Brest, sont là. Accoudés aux bastingages ou surgissant de tous les hublots, nos marins fraternellement mêlés aux français apparaissent.
Ils ont quitté Brest, vendredi à midi. Des sonneries de trompettes annoncèrent la soupe, mais personne ne bougea pour assister à la manœuvre qui fut intéressante au plus haut point. Il s'agissait, en effet, de faire passer cette citadelle flottante de 8.200 tonnes dans l'écluse dont la largeur ne dépasse pas de trois mètres celle du bâtiment.
A 13 heures, le d'Entrecasteaux et ses deux remorqueurs étaient amarrés dans le sas attendant l'éclusée qui leur permettra de gagner Bruges par le canal. Le cuirassé est reparti à 14 heures pour gagner son emplacement définitif, la darse nord du port de Bruges. Le passage de ce colossal bâtiment de guerre au ras des campagnes flamandes a, comme on le pense, été l'objet de courses effrénées vers les berges du canal.
Dernière Heure du 29 mai 1923.
Louis Desneux
Histoire à bord du d'Entrecasteaux par Louis Desneux
Monsieur Louis DESNEUX était un milicien de la classe 1924
Pour commencer, je vais vous raconter la naissance du corps des torpilleurs et marins.
Il, a débuté au port d'Anvers après la guerre 1914-1918 par quelques bateaux allemands
reçus en dommage de guerre. C'était le détachement des torpilleurs et marins. Envoyé à Bruges, il prit la dénomination de corps des torpilleurs et marins.
Il se composait du croiseur d'Entrecasteaux, de huit torpilleurs, quelque vedettes et remorqueurs, sans oublier la flottille du Rhin qui était toujours en service. Tous ces bateaux formaient notre flotte côtière.
Lors des exercices de DCA, ils se rendaient utiles en écartant les bateaux qui se trouvaient dans la zone de tir.
Notre flotte se trouvait dans l'ancienne base des sous-marins allemands de la guerre 1914-1918. On pouvait encore y voir les gros abris qui les protégeaient. Ces abris furent détruit avant l'arrivée des allemands en 1940.
Le chef de corps était le colonel Renaud, officier d'arme (campagne 1914-1918), était grand et avait la mine sévère.
Son second était le lieutenant colonel Fabry, homme affable. Ils portaient la tenue kaki.Les autres portaient la tenue des marins français et nous donnaient l'instruction d'infanterie sur place. Les clairons avaient les mêmes sonneries que l'infanterie. Pierre Charles, ex champions de boxe en faisait partie.
Des gradés de la marine française nous donnaient l'instruction maritime. Notre tenue
était copiée sur celle des quartiers-maîtres français avec la différence du pompon qui était
rouge pour les Français et bleu pour les Belges.
En 1924, j'étais occupé à la fonderie Royale des canons de Liège, en qualité d'ajusteur.
Comme je devais effectuer mon service militaire, je fis la demande de continuer mon métier à l'armée, ce qui me fut accordé le jour de l'incorporation. Etant donné que j'avais le choix, j'ai demandé à être affecté au corps des torpilleurs et marins. Quelques temps après je reçu mon ordre de rejoindre l’unité, et c'est en gare de Bruges que j'arrivai le 15 octobre 1924.
A la sortie de la gare, des marins en armes commandés par deux Premiers Maîtres, nous attendaient. Deux marins portaient une pancarte 1ère compagnie et 2ème compagnie.
On nous fit mettre en rang par compagnie et ce fut le départ pour le dépôt.
Là, on nous remit un sac blanc contenant notre équipement. Après on nous fit signer la feuille et le fourrier nous dit :
« Si l'équipement n'est pas a votre taille, faites l'échange entre vous » !
Après cela, toujours au dépôt, nous avons reçu notre premier repas. Il consistait en un morceau de pain gris et une tranche de viande en boite.
Heureusement, nous avions mieux dans notre valise.
Ensuite, le sac sur l'épaule, nous avons pris le chemin du Port et c'est en fin d'après-midi que nous arrivâmes au débarcadère de la base, face au croiseur d'Entrecasteaux ancre au milieu du port.
Là, comme accueille, personne pour nous recevoir. Notre embarquement a été un peu retardé étant donné que ce jour là on remplissait les soutes à charbon. Qu'elle poussière, ils auraient
pu choisir un autre jour pour faire ce travail. Comme joyeuse entrée se fut réussi !
Avant d'embarquer, voyons un aperçu historique du croiseur d'Entrecasteaux. Il porte le nom
d'un célèbre marin français (1739-1793).
Il a participé à la bataille pour la concession de la Chine.
Sur le pont, une plaque avec l'inscription Hong Kong en témoigne. Au temps de son activité,
il était armé de trois canons à bâbord et de trois à tribord, plus deux autres sur le pont .
Le croiseur était déclassé et désarmé, il se trouvait dans un port français. Il fut remis à la Belgique, à titre de prêt et servit de croiseur école. Comme nous n'avions pas de caserne, il servit pour loger les marins. Les machines n'étaient plus en état de marche,
et dût être remorqué d'un port français jusqu'à Bruges par le remorqueur WILMA.
Il était assez délabré et infesté de rats. Après nettoyage et repeint à neuf, il reprit belle allure, avec sa haute structure et ses 125m de long.
Ceci dit, on nous embarqua avec un bac, comme s'en servent les passeurs d'eau.
Quand tout le monde fut à bord, on nous dirigea vers un magasin ou l'on nous remis deux couvertures neuves (peu de temps après, on nous les repris pour nous en rendre deux usagée !).
Par la suite nous reçûmes une toile de hamac et des cordages pour le monter.
J'avais le n°356 tribord et j'étais de la batterie basse.
Cette chambre était dépourvue de hublot et de chauffage, seules les deux portes nous donnaient air et lumière. Un ancien me pris en charge pour me monter mon hamac et me montrer ou je devais placer mon sac d'équipement.
Comme on m'avait prévenu qu'il y avait des pickpockets, j'ai placé une chaîne et un cadenas à mon sac.
On fit le rassemblement sur le pont pour l'appel du soir et après quelques recommandations,
on cria au hamac (cela voulait dire que la journée était terminée et que l'on pouvait accrocher son hamac).
A 6 heures le clairon nous réveilla, je n'avais pas passé une bonne nuit, il faut avoir l'habitude pour dormir dans un hamac.
Sitôt debout, il fallait le replier dans le bastingage sur le pont. Souvent par mauvais temps, on le retirait bien humide.
Pour faire sa toilette du matin, pas d'évier ni de robinet. Un simple tuyau percé de trous et placé à deux mètres de haut envoyait un jet d'eau à gauche et à droite. Quand on avait fini de se laver, le bas du pantalon était tout mouillé.
Pour prendre son bain, on avait transformé une casemate à canon en douche avec le même système de tuyaux perforés, mais en plus grand nombre. On y entassait une trentaine d'hommes puis, une fois déshabillé, on ouvrait la vanne d'eau. Parfois, avec la vapeur, on se croyait dans un bain turc.
Par la suite, je me suis aperçu qu'il y avait un compartiment avec évier et robinet, il se trouvait près des machines et était réservé aux hommes de quart.
Pour ma part, je me levais un peu avant la sonnerie du clairon et j'allais me laver là. Il y avait tant de rats dans ce compartiment que je devais faire beaucoup de bruit pour les chasser avant d'entrer.
Les rats sortaient quand il faisait calme, il y avait partout on les voyait courir le long des tuyaux et sur les poutrelles qui soutenaient le plafond ou l'on accrochait son hamac. La soute à voile en était infestée. Il n'y avait pas de service d'hygiène pour les casernes.
Maintenant, parlons du mobilier, il était réduit à sa plus simple expression. Nous n'avions que le caisson ou nous remisons notre sac d'équipement. Il n'y avait pas de vaisselle à bord, nous avons dû manger dans notre gamelle pendant toute la durée de notre service.
Les tables et les bancs étaient démontables et après le repas devaient être replacés au plafond. Alors, il n'y avait plus rien pour s'asseoir.
La cuisine était sur le pont. Elle fut reconnue insalubre et remplacée par quatre cuisines roulantes de campagne.
Elles furent placées sur le pont, deux à tribord et deux à bâbord.
La cuisine que l'on nous préparait n'était appréciée de personne, c'était une nourriture de prisonnier, vous pourrez en juger d'après le menu, qui était le même toute l'année.
Le matin on recevait 1/5 de pain gris, 2 sucres et du café de mauvaise qualité (jus de chaussettes). Quelque fois le pain était remplacé par des biscuits de soldat.
A midi, soupe aux féculents et légumes, souvent mal cuite, bien préparée, elle aurait été bonne.
Ensuite, pommes de terre mélangées avec une sauce vinaigrette pas de légumes, ils étaient dans la soupe ? Un morceau de bouilli souvent trop gras, un morceau de pain, pas de boisson. Le repas du soir idem.
Maintenant, je vais vous donner la recette pour les pommes de terre. On les versait dans un grand chaudron, alors on ajoutait une sauce et deux bouteilles de vinaigre. Le tout était mélangé avec une rame, comme ça on pouvait dire pommes de terre marinées !
La cuisine n'était pas équipée pour préparer la nourriture pour tant d'hommes.
Les gamelles et les petites marmites étaient lavées dans l'eau qui avait servi a cuire les pommes de terre, puis les marmites étaient remisées à la cambuse.
Elles étaient numérotées, gare à celui qui les rentrait mal nettoyées.
La cambuse était un compartiment avec des étagères ou l'on devait remiser les marmites d'après leurs numéros.
J'ai fréquenté les cantines d'autres régiments, le menu changeait tous les jours, il était de meilleure qualité et était servit comme aux restaurants.
Puisque les autres régiments pouvaient faire mieux avec le même budget, vous penserez comme moi, que les responsables de la cuisine réalisaient de bons bénéfices sur notre dos.
Maintenant, revenons à notre début.
Après avoir passé notre première nuit sur le bateau, nous voilà au rassemblement. On nous divisa en petits groupes, chacun accompagné d'un instructeur, on nous fit faire la visite du croiseur. Je vous ferai grâce de trop de détailles, ce qui m'avait le plus impressionné, c'était le carré des officiers. Il se trouvait à la plage arrière et couvrait toute la largeur du croiseur. Le mobilier était luxueux, tout en acajou et le fond des fauteuils et les tapis en velours rouge.
Quel contraste, avec les marins qui n'avaient même pas un banc pour s'asseoir en dehors des repas.
Ensuite, ce fut la visite des sinistres cachots, ils se trouvaient dans la cale, de véritables cages à fauves ou l'on ne pouvait même pas se tenir debout, l'air était vicier, il sentait la moisissure.
Heureusement, c'était pour le temps passé, celui des matelots qui devait purgé une peine de cachot était conduit au 4ème de Ligne à Bruges ou à BEVERLOO.
Une chose qui avait retenu mes attentions, c'était l'appareil qui servait à mesurer le roulis.
Il était de grande dimension et se trouvait entre la batterie basse et les machines. Il se composait d'un secteur gradué et d'un index qui s'appuyait sur un balancier. Le quartier maître français nous donna l'explication et nous montra la cote d'alerte.
L'après-midi et les jours suivants, nous avons fais quelques petits travaux : matriculé notre équipement, coudre les insignes etc.
Entre temps un sous-officier faisait notre feuille de signalement. Un autre nous faisait passer un examen écrit. Le plus pénible fut le jour des vaccinations, nous avions après le bras et l'épaule ankylosée avec enflure à l'omoplate. A cause de cela, nous avions beaucoup de peine
à nous hisser dans la hamac.
Celui qui attrapait 10 rats recevait 24 heures de permission supplémentaire !
Il devait montrer ses 10 rats au fourrier et celui-ci les faisait jeter dans l'eau par le hublot.
Parfois un autre marin attendait dans une embarcation pour les repêcher.
J'allais oublier de parler des latrines. Elles se trouvaient sur le pont avant, sans porte, elles se composaient d'une rigole, d'une grille pour les pieds et d'accoudoirs, mais sans séparations, vous voyez le spectacle. Une fois la rigole remplie, on ouvrait une vanne d'eau.
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