Royal Navy Section Belge
1940 - 1945
Historique
Après la Campagne des dix-huit jours et la retraite des Alliés à Dunkerque, quelques 300 marins belges, anciens officiers, sous-officiers, matelots et surtout un grand nombre de jeunes mobilisés ont pu gagner l’Angleterre.
Dès septembre 1940, est créée en Angleterre à l’initiative d’un officier belge de la Marine de l’Etat, le Lieutenant Victor Billet, une "Section Belge de la Royal Navy", sous les auspices de notre gouvernement et avec l’aide de l’Amiral Sir Gérard Charles Dickens, principal officier de liaison de la flotte.
Lieutenant de Vaisseau Victor Billet
1941
Dès 1941, l’Amirauté britannique autorise un certain nombre de marins belges à servir dans la Royal Navy, soit à bord de petits bâtiments auxiliaires comprenant des chalutiers venus de Belgique, des yachts armés et autre "poussière navale".
Certains de nos compatriotes embarquent sur des bâtiments de ligne, croiseurs, destroyers et même des sous-marins.
Départ des marins belges pour l'Angleterre
Photo Leroy Michel
Départ des marins belges pour l'Angleterre
Photo Leroy Miche
En vertu d’un accord entre notre gouvernement à Londres et l’amirauté britannique, les belges dans la Royal Navy constituent une section spéciale que vient grossir un millier de jeunes volontaires échappés de notre pays occupé. Les belges enrôlés peuvent être libérés du service militaire, à condition d’opter pour la "S.B.R.N.".
Le recrutement s’opère dans les principaux ports du Royaume-Uni à l’intervention des commissaires maritimes et des officiers de liaison de la Marine belge, il est également assuré par l’administration centrale de la Marine établie à Londres, Belgravia Square.
L’instruction à terre des recrues débute dans les centres HMS Royal Arthur, HMS Scotia et HMS Raleigh où chacun doit assimiler les rudiments de son nouveau métier. Les hommes sont ensuite sélectionnés d’après leurs aptitudes. Les candidats canonniers, signaleurs, télégraphistes, chauffeurs, stewards, infirmiers reçoivent en outre une formation technique dans des établissements spécialisés.
La durée de l’entraînement atteint pour certains presque 36 à 40 semaines, mais au terme de cet écolage, chacun est à même de remplir sa fonction à bord d’une unité de guerre moderne.
La Section belge est donc fin prête et voit à ce moment ses rangs se grossir des 40 cadets du navire école "Mercator" que le conflit avait bloqué dans le fleuve Congo. C’est une petite force de 400 hommes dispersés, en raison de stages de spécialisation, à bord de nombreuses unités britanniques (porte-avions, croiseurs, destroyers).
C’est ainsi que des navires belges prennent part à une série d’opérations célèbres et y perdent parfois la vie, comme le matelot Vervliet tué lors du torpillage de son escorteur "Ullswater" par une vedette allemande.
Remise du paquetage
Remise du paquetage
1942
Le Lieutenant Victor Billet quitte la S.B.R.N et prend part à la chasse au cuirassé "Bismarck". Il sert ensuite dans les forces côtières et participe à diverses opérations amphibies. Embarqué pour le célèbre raid sur Dieppe à bord du LTC 159, il est porté disparu le 19 août 1942.
C’est au début de l’année 1942 que les corvettes "Godetia" et "Buttercup" sont transférées à des équipages belges. Elles vont naviguer pendant toute la guerre sous double pavillon belge et britannique.
Les deux corvettes sont soumises en Ecosse à une préparation intensive sous le commandement du Commodore Stephenson, responsable de l’entraînement des escorteurs. Elles sont ensuite rattachées au groupe B5 du commandant Boyle qui opère dans l’Atlantique Nord et les Antilles, paradis des sous-marins allemands. Jusqu’à la fin de l’année, les belges vont escorter les convois de Cuba vers New-York, Key West et Trinidad.
La Section belge dispose également de trois patrouilleurs: "Phrontis", "Kernot" et "Electra".
Le 28 décembre, un convoi quitte Trinidad ; son escorte comprend le destroyer "Havelock" chef du groupe B5 et les corvettes "Pimpernel, "Saxifrage" et "Godetia". Dès le départ, le "Godétia" doit ramener le neuvième pétrolier resté à la traîne. Le 9 janvier, l’attaque se déclenche, pendant trois jours, les "Grauen Wolfe" harcèlent le convoi, jour et nuit, et coulent, sans subir eux-mêmes aucune perte, sept des neufs pétroliers. Pour les escorteurs, les contre-attaques alternent avec le repêchage des naufragés, et il faut faire vite car l’équipage distingue parfois, dans l’eau claire, la silhouette d’un requin.
Lors d’un sauvetage, le canot de la corvette "Godétia" arrache aux flammes l’équipage du pétrolier "British Dominion". Les anglais une fois en sûreté confondent les marins belges, parlant flamand, avec des allemands et dédicacent la photo de la corvette: "Al’officier allemand qui nous repêche". Les rescapés du convoi atteignent finalement Gibraltar.
Ravitaillement à Key West Floride
1943
Au début de 1943, le "Godétia" rejoint l’Angleterre puis, après une période d’entretien et de congé pour l’équipage, retourne dans l’Atlantique.
Le 5 mars 1943, le "Godetia" et le "Buttercup" prennent part à la défense du convoi SC 122, une douzaine d’escorteurs tentent de protéger, dans une tempête épouvantable, deux convois contre trois meutes de "U-Boots" Le "Godétia" récupère ainsi 165 naufragés, échappe à une torpille et attaque un U-Boots en surface.
Du 16 au 19 mars, 21 navires marchands du convoi SG 122 sont coulés : au total, 141.000 tonnes. Quatre jours plus tard, le reste de la flotte atteint enfin Greenock.
En mai 1942 les cinq premiers belges arrivent à bord du MMS 188, un dragueur de mines qui est encore en construction au chantier naval Noble. Le reste de l’équipage britannique va être progressivement remplacé.
Le MMS 188 fait partie de la 118 ème flottille de dragueurs de mines, dont la base est HMS Epping. Un deuxième dragueur, le MMS 191, armé également par un équipage belge va rejoindre la flottille. La flottille est commandée par le Capitaine de corvette Shepherd RNR. Lorsque ce dernier doit être remplacé le 1 mars 1943, le choix se porte sur un officier belge, le lieutenant de vaisseau L. Petitjean.
Pour les marins qui viennent des corvettes, les missions des dragueurs de mines semblent obscures et peu prestigieuses. Pourtant les dragueurs de mines vont jouer un rôle important dans l’effort de guerre des alliés.
1944
Les brillants états de service de la Section belge au sein de la "Harwich Minesweeping Force" seront illustrés par l’Amiral Baillie Graham au cours d’un discours qu’il tiendra en 1944 à l’occasion de la fête nationale.
Le Godetia participe à un groupe de chasse dans le Golf de Gascogne, puis en Méditerranée et retrouve le Buttercup pour le débarquement Alliés aux Açores.
Les deux corvettes sont entraînées pour le débarquement de Normandie. Du 6 juin au mois de juillet 1944, le Buttercup patrouille devant la tête de pont alliée, chargée d’arrêter les attaques des vedettes, des sous-marins de poche et des canots explosifs.
Après le débarquement, le Buttercup et le Godétia retournent dans l’Atlantique Nord, pour escorter des convois.
Le 16 décembre 1944, le Godétia est remis à l’Amirauté Britannique et le 20 décembre, c’est au tour du Buttercup.
Le 8 septembre 1944, les troupes alliées reprennent Ostende et le 5 octobre, la 118ème flottille de dragage rentre au port.
Mes MMS entreprenent alors, sous le feu des batteries ennemies de Zeebruges, encore occupée, le nettoyage de nos eaux territoriales jusqu’à hauteur de Walcheren afin d’ouvrir la route aux futures forces de débarquement. Pendant ce temps-là, le port d’Ostende recommence peu à peu à fonctionner et les marins belges retrouvent un casernement dans notre pays.
1945
Le 8 mai 1945, c’est enfin la capitulation de l’Allemagne et la fin de la guerre, mais non la fin des opérations de déminage qui vont encore durer plusieurs années.
Le 20 mai 1945, l’Amirauté britannique adresse son message d’adieu à la Section belge.
La "SBRN" dépendait opérationnellement de l’Amirauté. Administrativement, elle est rattachée à la Régie de la Marine (Gouvernement de Londres). Le "Mutual-Aid" l’a pourvue en navires et équipements et l’a soutenue financièrement. Toutefois, ces accords nés de la guerre vont cesser le 8 novembre 1945. L’Administration de la Marine se voit dès lors dépositaire de cette poignée de marins.
Dès juin 1945, Monsieur H. De Vos, Directeur Général de l’Administration de la Marine de l’Etat, entend doter la Nation d’une marine de guerre. Dans ce but, il faut avant toutes choses s’assurer des appuis politiques et trouver auprès des représentants de la Nation des partenaires convaincus. Les circonstances sont, cette fois, favorables !
Le 6 juillet, la Section belge compte 77 officiers, 378 sous-officiers et marins recrutés avant octobre 1944. Mille nouvelles recrues engagées entre le 29 décembre 1944 et le 28 juin 1945 sont réparties dans les camps d’entraînement de la "Royal Navy". Il y a aussi 175 chauffeurs de véhicules. 1.600 hommes servent donc dans la Section belge, qui se voit confrontée avec les problèmes de démobilisation, tant parmi les officiers que parmi les matelots.
A la suite de l’ajournement, au conseil des ministres, du projet de la création de la Force Navale, une étude visant à créer une marine de guerre est entamée
C’est le 1er février 1946, qu’un arrêté du Régent constituera la Force Navale belge.
Copyright 2016-2024 - Official Website - Mangelinckx Didier - Loiselet Marie-Line - Swertvaegher Yves